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LA PLUS BELLE

qu’elle serait sa femme, la joie s’allumait en elle. Les jours où il se demandait si la meilleure solution n’était pas plutôt de contracter un riche mariage de raison, elle souffrait, mais se moquait et plaisantait d’un air détaché.

Elle l’écoutait disserter sur les moyens d’être utile à ses semblables que procure la fortune. Il devenait si lointain qu’elle ne tenait soudain plus à lui, se sentait lasse, prête à rompre ; et si elle souffrait encore, c’était uniquement de constater que maintenant elle ne pourrait plus être heureuse comme elle l’était au temps de sa jeune indépendance.

Mais dans cette chapelle déserte, quand elle eut bien pleuré, elle éprouva subitement une détente ; ses tourments quotidiens cesseraient ; Alain disparaissait de sa vie. Quelque chose de doux et d’inexprimable la baigna d’une imprécise consolation. Et elle put alors prier pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse en elle. Elle se rappelait les paroles divines de l’Imitation : « L’amour de la créature est trompeur et inconstant. Ne mettez point votre confiance et votre appui en un roseau qui est le jouet des vents ».

Elle entendit le frôlement des semelles feutrées derrière les grilles, puis une prière monotone