— Avec Nicole, pourquoi chercher ? Nous ne saurons rien. Tu la connais comme moi ; discrète, secrète plutôt, seule, distante ; bavarde uniquement si elle parle de religion ou de sport. Quel contraste. Elle ne continue pas à lire autant que nous. Elle se spécialise. Elle lit les Goyau, Élisabeth Leseur. Sais-tu ce que je dévore, en ce moment, moi ? Dickens. Je trouve ses livres merveilleux, Monique. En tramway, je viens aussi de terminer T « Atlantide ». Un conte pour grande personne !
— Un conte qui contient tout de même une vérité : l’immortel désir des hommes pour les choses hors d’atteinte. Ce n’est pas non plus le genre de livre que j’aime. J’aime mieux les romans qui ressemblent à la réalité. Même s’ils sont tristes.
Te souviens-tu du temps où nous discutions du bonheur ? Existait-il, n’existait-il pas ? La grande question !
— Moi, dit Lucette, je soutenais et je soutiens encore, qu’il ne fait que passer. Impossible de le stabiliser ! Avais-je raison ?
Elle semblait sous-entendre « Toi qui es mariée, tu le sais ». Mais Monique, distraite un moment par une pensée, — peut-être ce bilan du bonheur qu’elle essaie d’établir, — demeure silencieuse. Alors Lucette continue :