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LA PLUS BELLE

Elle tient le bébé dans ses bras, frotte sa propre joue sur le doux pétale de la joue enfantine :

— Je veux qu’elle soit belle, heureuse, intelligente, parfaite. Mais viens. Je la cède à la bonne pour le reste de la journée.

Passons vite au salon. Parle-moi du monde, de ses pompes ! Je ne suis plus qu’une maman popote. Je ne lis plus assez. J’abandonne ma personnalité. Je le reproche tous les jours à Maurice. Je lui dis : Une femme ne sait pas ce qu’elle sacrifie quand elle devient madame. Madame Longpré. C’est vieux, bonne femme, incolore. Ça ne dit rien. Ça ne représente rien. Tandis que Monique Chênevert, c’était quelqu’un, je te prie de le croire, c’était moi ! Je ne suis plus moi.

— Tu es toujours toi. La preuve ? Mais ta volubilité, ma chère. Pendant des heures, je le sais, je ne pourrai placer un mot. Comme autrefois.

— Tu l’as placé, ton mot, ne te plains pas. Laisse-moi continuer. J’ai téléphoné à Nicole. Je voulais qu’elle vienne aussi. Mais mystérieuse Nicole, plus mystérieuse que jamais, elle m’a dit : « Je ne peux pas, non, Monique, je ne peux pas ». Sans plus d’explication. Mais elle nous invite ensemble pour demain soir. Reviens souper. Maurice ne rentre qu’après-demain. Je serai libre. Nicole a ajouté : « J’ai une immense surprise