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LA PLUS BELLE

sentaient abandonnées. C’était peut-être la fin du quatuor et de la jeunesse ! Claire disait :

— Vous verrez, ce ne sera plus comme avant.

Un étranger s’interposait ; il troublerait la parfaite harmonie de leur amitié. Déjà, certains soirs, Monique manquait, à cause de lui, une de leurs réunions. Et ce Maurice Longpré, elles ne le connaissaient que pour lui avoir serré la main à de rares occasions. C’était un intrus. Monique parlait beaucoup à son fiancé de ses trois amies, elle les expliquait ; mais dans son égoïsme d’amoureux il ne songeait nullement, lui, à proposer de les rencontrer plus souvent.

Alors, quand elles n’étaient pas en présence de Monique, elles se confiaient qu’elles n’aimeraient jamais Maurice. Il les effarait, les intimidait. Avec lui, elles demeuraient silencieuses. Non, ce ne serait plus comme autrefois. Le quatuor se désagrégerait. Comment continuer à parler à cœur ouvert, quand l’une d’elles répéterait tout maintenant à cet étranger ?

En attendant ces mauvais jours, ces tristes jours, elles riaient encore parfois beaucoup ; elles échangeaient sur le monde leurs réflexions toujours enfantines et gaies. Ou, quelquefois, des réflexions plus sages. La vie demeurait étrange, déconcertante, méchante même souvent. Mais elle possédait une logique dans ses détours ;