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LA PLUS BELLE

ment plus exigeant. Elle l’arrêtait dans son ardeur inconséquente, le remettait en présence de la réalité ; lui non plus, d’ailleurs, n’avait pas l’intention de se lier déjà pour l’avenir.

L’avenir, large porte ouverte sur un horizon aussi vaste que la mer ! Et loin, là-bas, le mariage, après une longue croisière sur les lames agitées. Alain avait conçu le projet d’obtenir une bourse pour trois années d’étude à l’école des Chartes. Sa carrière, sa fortune, ne s’édifieraient qu’après ce séjour. Malgré le désir qu’il avait de fonder un foyer, il devrait sans doute laisser fuir des années avant d’y penser. Il ne fallait pas lier Nicole à une destinée aussi aléatoire. Elle resterait sa plus chère amie. Peut-être, plus tard, serait-elle sa compagne ? Il n’entrevoyait pas en ce moment la vie se déroulant sans sa présence. Mais des fiançailles immédiates manqueraient de prudence ; risquer de la voir vieillir à l’attendre ; et si, par hasard, il n’avait jamais rien à lui offrir ? Une carrière d’historien s’établit péniblement.

Il lui confia son dessein un soir, après l’avoir taquinée sur ses scrupules. Pendant qu’il parlait, elle essayait de se convaincre qu’elle obtenait toute satisfaction ; elle obtenait ce qu’elle avait demandé, la sécurité d’une amitié vive, redevenue sage.