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Girouette


Je connais une girouette extraordinaire, la plus sensible, la plus mobile, la plus souple, et cependant aussi la plus opiniâtre des girouettes ; une girouette comme pas une !

En effet, les girouettes qui marquent le sens du vent, au-dessus des églises paroissiales, ne remuent que si la brise vaut la peine qu’elles se dérangent, que leur fine pointe passe du nord au sud et montre un paysage plutôt qu’un autre.

La girouette que je connais, différente de celles-là, tourne, tourne sans cesse. C’est un caprice vivant. Elle va, sans que vous ayez senti un souffle dans l’air, du beau au mauvais. Ou encore, lorsque le plus pur vent du nord se promène, elle garde la direction des jours de pluie ; et alors, elle s’obstine à souffrir comme sous un ciel gris, — oui, c’est une girouette qui souffre ! — Et, elle gémit à ces heures ; elle sait que le temps est beau et qu’elle devrait le regarder ; mais on dirait que tout à coup le clou qui la tient la paralyse ; ses efforts pour se retourner sont nuls ; elle reste là, sa pointe sentant l’orage. Ne la plaignez pas pourtant. Car, contrairement, il arrive à certains jours qu’une tempête menace, semble inévitable, s’annonce assez