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COULEUR DU TEMPS

duire sûrement à travers les chemins de la vie. Est-ce moi qui ai déjà pleuré ? Est-ce moi qui suis en deuil ? J’en doute. Je suis tellement contente. Je suis comme j’étais il y a cinq ans, quand je sortais du couvent et qu’un matin de Pâques, je lisais mon cousin Guy, avec une ferveur pleine d’illusions charmantes. En vérité, je suis ainsi jeune, quand le printemps, certains matins, m’éblouit, me renouvelle ! et si je me souviens à la réflexion des tristesses éparses dans le monde, je ne puis chasser la gaieté et la confiance qui habitent en moi, comme si j’avais des yeux neufs et ravis, des yeux que j’aurai pour l’éternité, des yeux qui ne souffriront plus…

Mais c’est un état d’âme bref et fugitif. Il pleuvra peut-être demain !