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COULEUR DU TEMPS

parfois ainsi, et alors, comme naturellement je ne les révèle pas, personne ne s’en doute, et l’on croit que je n’en fais jamais.

Pour le chocolat, je puis bien en parler. J’ai de si nombreux mérites à m’en priver, que même sans ceux que ma vantardise m’enlèvera, il m’en restera toujours assez. Et puis, tenez, en y pensant avec vous, j’avive mes regrets, ma souffrance. Il est là, ferme, appétissant, vous dis-je. Je le regarde, je le désire, je l’approche tout près de mes lèvres, et cette tentation formidable augmente en moi la force de résistance.

Oh ! si je pouvais donc, en secret, me priver d’autres choses, pour devenir meilleure ; si je pouvais donc faire de ces vrais sacrifices qui rachètent des âmes ! Mais qu’on est faible, Seigneur, faible au point d’aimer follement un petit morceau de bonbon brun, qui fond dans la bouche et ne laisse rien qu’un malaise au cœur, le plus souvent !