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Mauvais silences


Il y a des silences qui ne sont pas d’or. Les silences qui vous empêchent d’être polis ; les silences qui vous ferment la bouche quand vous devriez remercier d’un bienfait ou exprimer une admiration ; les silences qui vous font rester muets lorsque, par exemple, on vient de vous dire : « Je suis bien heureux de vous avoir connu. »… Les silences que vous gardez, quand vous avez dans le cœur et dans la tête tant de choses qui semblent s’être cachées au plus profond de vous-même, comme des enfants gênés se sauvent lorsqu’ils devraient venir dire bonjour bien poliment.

Ah ! tous ces détestables silences. Ceux qui étouffent en vous les paroles qui feraient du bien ou qui feraient plaisir, ceux qui vous font paraître froids et lointains, quand vous êtes émus de sympathie pour un deuil ou pour une peine quelconque ; ceux qui vous clouent dans l’incapacité de défendre un principe et même un ami ; ceux qui vous rendent gauches et stupides quand vous voudriez être aimables, quand vous recevez des compliments et que vous devriez y répondre ; ceux qui vous donnent l’air d’approuver des