Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’Imagination


Le froid était dur et piquant. Je marchais vite sur la neige déjà dense ; le vent me poussait dans le dos, le vent agitateur qui semblait faire voltiger en mon esprit plus d’idées.

Le matin, j’avais lu une analyse psychologique et j’en appliquais les principes à mon moi, que je ne cherche cependant pas souvent à définir. J’ai peur de le trouver complexe ; je me voudrais aussi simple qu’une longue route droite, plane et claire. Et je pensais que nous voyons passer bien des choses en nous si nous y regardons ; et je pensais que le cœur humain est une étrange petite machine, qu’il est facilement excessif en ses mouvements, et bien loin d’être circonspect, raisonnable et sensé !

Ce qui m’humilie lorsque je descends en moi-même et me récapitule les sentiments et les enthousiasmes de ma vie d’hier, c’est de constater combien de fois mon imagination m’a égarée, combien de fois je l’ai écoutée attentivement pour faire des rêves qu’aujourd’hui j’ose qualifier de fous ! Et ce qui m’humilie encore, c’est de m’apercevoir qu’à l’heure même où je les qualifie ainsi, cette incorrigible imagination en promène dans ma tête d’autres qui sont égale-