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Pendant l’épidémie


Dimanche, dans l’église paroissiale qui a ses ornements de deuil. On entend danser la pluie et courir le vent sur les toits. L’obscurité envahit le saint lieu. À l’horloge cachée sous les tentures noires, la demie de cinq heures sonne. Et les draps funéraires étalés rendent l’ombre plus émouvante. Un peu de lumière luit cependant. La lampe du sanctuaire qui scintille, et, dans les coins, de chaque côté, les lueurs tremblotantes de cierges qui illuminent les autels de Joseph et de Marie.

Disséminés dans l’ombre, des fidèles prient. Des jeunes filles égrènent leur chapelet ou méditent, remuées par la gravité de l’heure. Des hommes sont inclinés, le front dans leurs mains. Que de salutaires pensées fait naître un pareil soir, surtout quand l’épreuve a passé ou qu’elle menace.

Des femmes à pas de velours parcourent le chemin de la croix. La pluie tombe plus raide sur le toit sonore. Un coup de vent plus fort siffle autour de l’église. Un prêtre, vêtu pour braver le temps, vient chercher le bon Dieu. Un nouveau mourant le réclame. Les fidèles