Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
COULEUR DU TEMPS

nité. Rien n’est triste, pas même les plus navrantes épreuves. On les tourne du côté du soleil. Il les éclaire. On voit qu’elles contiennent des leçons. Elles nous font, bien observées et bien acceptées, comprendre tant de choses, qu’il est impossible de déplorer qu’elles nous aient touchées. C’est ainsi, bergère, la vie ! Aime-la. Tu fais bien. Il pleut, mais tu es rentrée et tu es contente. Tu as chaud. Tu as tes rêves. Tu as des sentiments. Tu as de l’espérance et tu sens en tes veines la vie qui court, qui t’anime. Tu sens ton âme immortelle. Tu sens ta force. Et rien que dans ton cœur, rien que dans tes souvenirs, rien que dans ton présent, que de paysages, de nuances, de merveilleuses impressions s’agitent, miroitent, dorent ta songerie.

Bergère, sous la pluie, même sous le plus triste des temps, ne trouves-tu pas qu’on peut découvrir en soi des rayons lumineux ? Il pleut, il pleut, bergère, mais qu’importe. La joie est surnaturelle, la joie ne sort pas toujours des choses. On peut l’appeler et elle vient en son cœur.