Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
COULEUR DU TEMPS

C’est chez vous, c’est chez nous. C’est de la terre canadienne qui raconterait de l’histoire en français, si elle parlait ; et si vous écoutez bien attentivement, si vous voulez qu’elle parle, qui sait tout ce qu’elle vous dira.

C’est chez vous, c’est chez nous, toutes ces maisons, puisque les enfants d’une même race sont une même famille ! C’est chez vous, c’est chez nous. En voulez-vous la preuve ? Qu’un pneu crève à votre voiture, que vous ayez par hasard besoin d’aide, on s’empresse ; et volontiers on vous offrira à boire et à manger. C’est chez nous. Que je nomme mon père, on me reconnaîtra comme une amie. C’est chez vous. Rien qu’à votre nom, on vous reconnaîtra peut-être comme un cousin.

C’est chez nous ; et le long de la petite rivière sinueuse, ce qui me comble de fierté et d’amour, c’est de voir que ce paysage paisible et familier est d’une beauté parfaite ; que les maisons vont avec les arbres et les arbres avec la rivière. C’est l’harmonie idéale ; point ou peu de maisons prétentieuses et sans plus d’âme que des gravures de catalogue yankee ; des maisons qui durent dans un paysage qui s’éternise.