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COULEUR DU TEMPS

dressent leur tige et inclinent un peu la tête, en extase devant la cheminée. Le bois se consume et de temps en temps, après un crépitement, des étincelles montent sur le foyer noir. Les marguerites ébahies croient sans doute qu’elles sont entrées dans le royaume où naissent les mouches à feu, et elles sont surprises et ravies.

Peut-être imaginent-elles que, leur voyage fini en corbeille, elles retourneront au champ natal où elles étaient bien, après tout, quand le soleil se donnait la peine de briller. Peut-être pensent-elles plutôt qu’elles vont contempler merveilles après merveilles, et que le monde de la maison est infiniment plus varié et plus beau que celui du dehors.

Cependant, au bord de la jardinière, quatre ou cinq marguerites baissent tristement leurs têtes aux collerettes froissées à demi mortes. Les autres, celles qui vivent intensément, ont-elles aperçu cette déchéance ?

Elles ne doivent rien voir. Elles sont gaies, jolies, rayonnantes, elles sont gracieuses et fines. Leur visage est épanoui. Elles ressemblent à des enfants heureux qui ne veulent connaître que la joie. Elles sont tout un poème de clarté dans leurs poses différentes et pourtant simples. Elles appellent l’admiration et retiennent mes