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AUTOUR DE LA MAISON

marcher dans les bancs en y enfonçant jusqu’au cou ! Nous en étions à admirer la future glace de la rivière, quand la tête du moulin à vent attira notre attention. « Si on allait le voir ? » me suggéra Toto. C’était loin, maman ne voudrait pas. Toto prit son air important : « Ben, ça prendra pas cinq minutes, et… c’est beau un moulin à vent, tu sais. Il y a un homme qui monte dedans, avec un sac de fleur sur la tête. — Vrai ? — Eh oui ! tu sais, le mien, en fer-blanc ? » — Celui de Toto était en effet très intéressant. Il se composait d’un poteau qui soutenait une cabane, ornée d’ailes rouges qui tournaient quand un petit bonhomme, mû par un ressort, grimpait jusqu’à la cabane, recevait sur la tête un sac de plomb et redescendait.

Nous partîmes en courant. Nous étions joyeux. La neige tombait fine, légère. La bouche ouverte, nous essayions de saisir au vol les jolis flocons… Nous avions toujours présents à l’esprit les plaisirs de l’hiver qui commençait, et nous pensions surtout au moulin à vent !

Un peu frileux, nous tenant par la main, nous suivions maintenant la route d’un pas modéré. Le jour baissait, le doute me prit : « Es-tu bien sûr, Toto, qu’il y a un homme qui grimpe dans ce moulin-là ? — Mais oui, sans