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AUTOUR DE LA MAISON

un coin, à côté d’une fenêtre, il y avait une vaste cheminée que l’on fermait avec un panneau, parce qu’elle ne servait plus et qu’il passait de l’air par sa grande ouverture. Le panneau enlevé, on cordait nos brassées de bois dans la vieille cheminée, que ces bûches ne réchauffaient pas, et qui restait là, comme armoire après avoir été le « foyer » !

Pauvre cheminée ! Autrefois, elle avait dû tant aimer le feu que le vent tire avec un ou-ou joyeux, pendant que le bois crépite, pétille, que des brindilles dessinent des arabesques roses et que la flamme monte toute droite, ou zigzague et s’incline. Elle avait dû tant aimer à réchauffer la grande pièce, à l’éclairer de rayons rouges, à colorer les visages des petits enfants qui se faisaient bercer près du feu qu’ils aimaient. Elle avait dû voir des vieillards jongler devant les reflets du bois qui se consume, les étincelles qui montent sur le fond noir du foyer, qui filent comme des étoiles… Autrefois, elle était la vie et la joie de la maison. Elle était le coin préféré des mamans, des papas, des enfants, du chat et du chien. Elle s’intéressait à tous ; elle savait leur histoire, leurs préoccupations, leurs joies. On racontait tout devant elle, la cheminée discrète et sympathique. Le soir, après le souper, elle écoutait la prière en