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AUTOUR DE LA MAISON

étaient roses ou mauves. Pour qu’elles fussent mauves, si je me souviens bien, il fallait mettre du fer dans la terre…

Je ne peux pas me rappeler où on les plaçait dans la maison. Il me semble que c’était à la fenêtre de la salle à manger. Je sais qu’il y avait des bouquets, là !

Ce qui nous ravissait, quand on rentrait les quatre-saisons, c’était de contempler, sur les bûches fendillées, les fourmis qui avaient établi leurs demeures sous les pots et qui se trouvaient soudainement sans toit. Elles se mettaient à courir comme des folles vers de gros œufs, ressemblant à du riz soufflé, qu’elles poussaient ensuite avec leurs pattes de devant. Elles étaient extrêmement excitées, affolées par la catastrophe ! Elles se hâtaient de précipiter les œufs dans les trous de la bûche. On prenait de la terre et on bouchait les portes de leurs caves. Elles se mettaient à pelleter rapidement avec leurs pattes et les trous reparaissaient. Il y avait des centaines de fourmis sur chaque bûche, des petites et des grosses. Quelques-unes essayaient vainement de traîner les œufs ; alors, elles s’appelaient entre elles d’une voix qu’on n’entendait, hélas, pas ! et à deux, trois, elles transportaient les fardeaux, en se faisant des gestes ; elles avaient l’air de se donner des tapes, parfois.