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AUTOUR DE LA MAISON

des couplets fous sur des airs faux — et l’on riait, on riait encore jusqu’au coucher !


IX


Le hangar était long et bas, blanchi à la chaux, avec des portes et des châssis rouges. Il clôturait tout un côté de la grand’cour. Il voisinait avec de vieux érables et des saules. Malgré la toilette qu’on lui faisait tous les printemps, il était vieillot et voûté. Il avait l’air de dire : J’en ai tant vu d’années, j’en ai tant vu d’hommes et d’enfants, j’en ai tant vu de foin, j’ai tant vu d’êtres et de choses !

Il avait l’air de murmurer cela doucement, mais c’était un vieillard très gai, sous le soleil ; et il résonnait, tous les jours, des cris joyeux de notre jeunesse.

Au bout, du côté de la rue, il y avait d’abord la glacière. On y allait le matin chercher un morceau de glace, dans la minuscule « charrette à poches » peinte en rouge, que notre cher chien Zoulou traînait dans la cour. Ensuite, c’était les écuries, la remise. Au-dessus de tout cela, le grenier à foin, avec, dans le pignon, un grand pigeonnier vide qui avait l’aspect d’une prison suspendue.

Le grenier à foin ouvrait sur la remise, qui était elle-même à demi-remplie de fourrage…