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AUTOUR DE LA MAISON

obtenu le concours de quelques cousins et cousines, des acteurs fameux, — je vous assure.

Le soir, tante Estelle avait invité toutes nos relations, petits enfants et « grand monde ! » Dans la salle était la scène. Les spectateurs assistaient du boudoir. On joua très bien, sans se vanter ! Du moins, on fit beaucoup rire !… Je ne sais plus le nom de la pièce dont nous ne jouâmes que quelques scènes. C’était peut-être du Molière ; nous avions toutes les audaces. Moi, je me souviens que j’étais une servante, que je m’appelais Dorine, et qu’au deuxième acte, je me déguisais en garçon, probablement pour tromper ma maîtresse qui était Marie… Que ce devait être beau, grand Dieu !

Pierre avait un siège d’honneur, et était entouré d’hommages et de cadeaux ! Il applaudissait, joyeux.

Le spectacle fini, il y eut cris, danses, chants et… réveillon. Le réveillon surtout était magnifique, mais mon pauvre Pierre, tu gâtas mon plaisir !

Après la séance, quelqu’un avait crié : “La bascule, la bascule, petit Pierre”, et tout le monde s’était précipité et le poursuivait. Attrapé, il se débattait comme un petit diable qu’il était ; j’approchai pour le défendre,