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AUTOUR DE LA MAISON

le bon Dieu lève un coin du ciel, pour nous souhaiter la paix du cœur, et jeter de la lumière sur nous. J’ouvre les yeux très grands et je la reçois toute. Plus cette lumière me baignera, plus mon âme sera belle !…


V


Le pommier aux « pommettes sucrées » était tout à fait au fond du jardin, près de la clôture qui séparait le potager des champs de blé. Toto et Pierre grimpaient à l’arbre, ébranlaient les branches, et, au pied, Marie et moi, dans nos robes relevées nous ramassions les fruits verts qui tombaient en pluie… Quand nous en avions au moins trois douzaines, les garçons descendaient, et l’on s’en allait par les plates-bandes ou les allées !… En chemin, on cueillait quelques fleurs, on arrachait des petites carottes qu’on ajoutait aux pommettes…

Au parterre, on s’étendait sur l’herbe, à l’ombre. Parfois la cigale chantait. Le ciel était blanc, la chaleur accablante. Alors, on mangeait, sans presque rien dire, les petites pommettes sucrées… Quand il n’en restait plus, Toto disait : « Allons nous peser maintenant ». Marchant derrière nous, il ramassait des cailloux et lorsque nous arrivions au ma-