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AUTOUR DE LA MAISON

pour championnat et nous nous serions souvent rendues à cent tours, si Toto et Pierre, jaloux de notre adresse, n’avaient garroché leurs moines sous nos pieds ! leurs moines qui dormaient et que nous regardions avec admiration, même s’ils nous dérangeaient. C’est que, voyez-vous, nous avions vainement essayé de les faire marcher, nous. Pour enrouler la ficelle, nous réussissions, et nous avions aussi la manière de la tourner aux doigts, afin que le moine fût bien en position. Mais le mouvement du bras pour le lancement, nous ne l’avions pas. C’était inutile, nous ne l’aurions jamais. Si, par hasard, le moine dansait une fois, et que l’on criait avec fierté : « je l’ai ! » au prochain essai l’échec recommençait.

Nous n’étions pourtant pas plus bêtes que Toto et Pierre ! Mais ainsi qu’ils n’apprenaient que le premier saut de la corde à danser, nous n’arrivions qu’à un succès passager, aux moines et aux marbres.

Toto et Pierre avaient beau nous suivre avec des bouts de corde à linge volés à Julie, et danser en courant, ils devaient s’arrêter sans cesse, parce qu’ils s’accrochaient, et j’aurais bien voulu les voir essayer de danser les « pattes croisées » !