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AUTOUR DE LA MAISON

Au lit, quand maman m’eût embrassée et laissée seule, je me souviens que je pleurai jusqu’à ce que mes tempes me fissent mal à crier. Enfin, j’enfouis mon visage dans mon oreiller et je m’endormis.

Le lendemain, par habitude, nous cherchions Zoulou, nous l’attendions pour jouer, il nous semblait qu’il allait revenir…

Puis, ce fut le temps des pommes et du foin que l’on foule, et nous n’y pensâmes plus !


III

Il pleut. Dehors, c’est le bruit monotone de l’eau qui rigole, et le ciel sombre. Dans la maison, c’est la tempête, le tourbillon affolant des jeux baroques et tapageurs. La bonne Julie répète à maman, en haussant ses fortes épaules : « Çà ne sera pas drôle, les enfants sentent le mauvais temps. » Pourtant, nous ne nous querellons pas. Nous jouons aux chars. Pas une chaise n’est debout dans la grande salle. En tête, Toto est assis sur une petite table, un sifflet à la bouche, une cloche à la main. Petit Pierre, en arrière, crie les stations. Marie et moi, et nos poupées, nous sommes les passagers, à cheval sur les chaises renversées. Quand il ne siffle pas, Toto fait : pouf, pouf, — pouf, pouf, pouf,