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AUTOUR DE LA MAISON

XXX


On se lassait de s’amuser en plein air, et quand le vent du nord avait enjolivé les vitres de paysages givrés, c’était délicieux, parfois, de rester dans la grande salle et de jouer autour du poêle chaud. Nous adorions la « chaise honteuse », et nous étions ravis de nous faire dire des sottises. Lorsque Lucette, Jean-Jacques, Gabriel, Jeanne se joignaient à nous, nous votions invariablement pour ce jeu-là, et nous déclarions ensemble : « C’est moi qui m’mets dedans ! » Alors, pour éviter la dispute et pour savoir qui aurait d’abord l’honneur du fauteuil, nous décidions au moyen de « ma petite vache a mal aux pattes », ou encore « un, deux, trois, nous allons au bois, quatre, cinq, six, pour cueillir des cerises, sept, huit, neuf, dans mon panier plein d’œufs, dix, onze, douze, elles seront toutes rouges »…, et ainsi jusqu’à je ne sais quel « tic, tac, to », qui nous faisait crier : « Sorti ! »

Celui qui ne sortait pas allait s’asseoir en triomphe sur la « chaise honteuse », et un ministre circulait dans les rangs, penchait son oreille vers chaque bouche, et, mettant sa main en paravent, louchait par-dessus ! Nous marmottions des lots d’amabilités. Quand il avait reçu tous les messages, il marchait vers