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AUTOUR DE LA MAISON

vivre l’avenir avec ses douleurs et ses joies, mais je n’accepte pas d’être abattue, d’être malheureuse…

J’aurai beau rouler en bas des gros bancs de neige qui sont mes illusions et mes bonheurs, je les remonterai ! et je serai toujours une « contente » ! Je veux être une contente. Que Dieu me fasse cette grâce !


XXIX


Pendant qu’on récitait la grammaire, ou le catéchisme, ou le chapelet, je n’avais eu qu’une idée fixe tout l’après-midi : me rendre, la classe finie, jusqu’à l’arbre du pinbina et en manger au moins une grappe. Vous connaissez ces petits fruits rouges au goût aigre ? Il y en avait un arbre au bout du jardin, dans le coin opposé au pommier. On s’y était rendu un soir, au commencement de l’hiver, et il m’était venu tout à coup un désir fou de manger encore de ces graines rouges, sûres à point. Mon Dieu, il n’en restait peut-être plus, mais je n’y pensais pas, et je me laissais tenter, et j’avais hâte…

Enfin, on fit la prière du soir, et l’on passa la porte du couvent, disant d’une voix claire et gaie, tout en inclinant la tête pour le salut traditionnel : « Bonsoir, mère Sainte-Anasta-