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AUTOUR DE LA MAISON

Si vous aviez vu la cour ! Elle était éclatante et ressemblait à un petit pays montagneux. Le long du grand hangar, la neige s’était amoncelée en un gros banc élevé presque jusqu’au toit, richement recouvert, lui aussi, d’un mol, large et blanc coussin. Le vent faisait voyager sur la cour et sur le hangar des tourbillons de poudre qui passaient en rafales, comme une fumée fine, ou comme un brouillard opaque voilant tout pour un instant. Les grands arbres se balançaient et secouaient leurs branches. La neige était légère, fine, souple sous le vent, folâtre, enthousiaste, folle ! « Tante Estelle, laisse-nous sortir ! »

Nous en avions les larmes aux yeux à la fin, et elle consentit. Nous étions emmitouflés comme des poupées en guenilles, lorsque nous sortîmes tous les trois. Pour nous jeter tout de suite dans la neige, nous sautâmes par-dessus le bras de la galerie, en criant !

D’abord, nous nous roulâmes comme des pelotes dans le tapis épais et blanc. Puis, nous fîmes des bonshommes.

On se mettait debout bien droit, en ligne, et l’on se laissait tomber de sa hauteur, dos dans la neige. Il fallait se relever sans détériorer l’empreinte et sans la creuser outre mesure !