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plans financiers. Dix ans plus tard, il partait pour l’Ouest des États-Unis. À cette époque l’usage de la vapeur était inconnu sur l’Ohio ; il n’existait que peu de villages et point de villes sur les rives de ce fleuve. Il arriva en automne sur les bords de l’Ohio, acheta un esquif, dans lequel avec sa femme, son enfant et deux rameurs il s’aventura, se dirigeant vers le Kentucky, où avec sa famille il résida plusieurs années. Ce fut en 1810 qu’il rencontra pour la première fois son illustre devancier, Alexandre Wilson, en quête à cette époque de souscripteurs à son ouvrage sur les Oiseaux de l’Amérique. Wilson s’était adressé à Audubon, faisant valoir la beauté de ses dessins, et Audubon allait signer, lorsque l’œil de Wilson ayant rencontré sur une table voisine les cartons d’Audubon, fort supérieurs aux siens, sa figure s’assombrit, et il quitta de suite Audubon, fort mécontent. Wilson avait reconnu son maître et maugréait en silence contre sa destinée, laquelle interrompant ainsi brusquement le cours de ses succès, le confrontait si tôt avec cet amant (jusqu’alors inconnu) de la Nature, de cette maîtresse dont il avait cru posséder seul tous les sourires.

Audubon a dû négliger de bonne heure, le livre de caisse et le grand livre ; car dès 1811, on le trouve côtoyant les bayous de la Floride, la carabine d’une main, les crayons et le portefeuille de l’autre ; l’année suivante, il se livrait à des courses lointaines demandant aux prés, aux forêts, aux fleuves, aux baies, aux mers, des matériaux pour son immortel ouvrage, qu’il n’avait pas encore songé à publier.

De retour à Philadelphie en 1814[1], il fut présenté au Prince de Musignano, Chs. L. Bonaparte, lequel lui procura une entrée au Lycée d’histoire naturelle de cette ville. Il visita successivement New-York, puis s’enfonça dans les forêts impénétrables de l’Ouest pour y continuer ses recherches. Le

  1. Un grand nombre de ces détails ont été fournis par son biographe, E. P. Hood.