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passagers de l’aquilon, il s’en trouve qui s’habituent à nos mœurs, et refusent de retourner dans leur patrie : les uns, comme les compagnons d’Ulysse, sont captivés par la douceur de quelques fruits ; les autres, comme les déserteurs du vaisseau de Cook, sont séduits par des enchanteresses qui les retiennent dans leurs îles. Mais la plupart nous quittent après un séjour de quelques mois : ils s’attachent aux vents et aux tempêtes qui ternissent l’éclat des flots, et leur livrent la proie qui leur échapperait dans des eaux transparentes ; ils n’aiment que les retraites ignorées, et font le tour de la terre par un cercle de solitudes. Ce n’est pas toujours en troupes que ces oiseaux visitent nos demeures. Quelquefois deux beaux étrangers, aussi blancs que la neige, arrivent avec les frimas : ils descendent au milieu des bruyères, dans un découvert, dont on ne peut approcher, sans être aperçu ; après quelques heures de repos ils remontent sur les nuages. Vous courez à l’endroit d’où ils sont partis et vous n’y trouvez que quelques plumes, seule marque de leur passage, que le vent a déjà dispersées ; heureux le favori des muses qui, comme le Cygne, a quitté la terre sans y laisser d’autres débris et d’autres souvenirs que quelques plumes de ses ailes. »



OIES, CANARDS, ETC.

L’OUTARDE.[1]
(Canada Goose.)


Les auteurs européens ont honoré cet oiseau du nom flatteur de Cygne Canadien ; il arrive sur nos

  1. « Les Outardes arrivent du midy, qui sont grosses cannes au double des nôtres, et font volontiers leur nid aux Isles. Deux œufs d’Outarde en valent aisément cinq de Poules. » — Relations des Jésuites — 1611.
    No. 567. — Bernicla Canadensis. — Baird.
    Anser Canadensis. — Audubon.