Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Cygne américain ; assez commun sur les grands lacs du Haut-Canada, il se rencontre de temps à autre dans cette partie-ci de la province.[1] Le Cygne est un excellent nageur. Sa nourriture ordinaire consiste en graines, feuilles et racines, et en grenouilles, mollusques, sangsues et insectes aquatiques ; il mange aussi des petits poissons. Il est monogame. Le Cygne américain a le bec rouge bordé de noir ; son plumage est d’un blanc de neige. « Son long col onduleux, type souverain de grâce, s’arrondit en une courbe serpentine plus souple, plus caressante encore que celle de l’encolure de l’étalon arabe. Son bec réunit toutes les conditions de l’élégance, de la dextérité et de la force. » C’est cette espèce que l’on apprivoise pour orner les bassins, les fontaines. Elle vole très haut et très vite, et se sert de ses ailes comme d’une arme offensive puissante. Ses mœurs sont douces et paisibles. Dans les régions tempérées, la ponte a lieu en avril ; la femelle fait un grand nid avec des tiges de joncs et de roseaux ; elle le garnit de plumes et de duvet, et y pond six à huit œufs d’un

  1. Le vieux Gouverneur Boucher parle des Cygnes canadiens en 1663, comme d’oiseaux que l’on tuait journellement : les temps sont changés ! ! !
    « Il fut un temps, où les eaux de la Seine, au-dessous de Paris, étaient couvertes d’une si grande quantité de Cygnes qu’une île de ces parages en avait pris son nom. Aujourd’hui encore, presque tous les fossés de nos citadelles du Nord sont gardés par des Cygnes ; on y voit aussi des canons et des soldats de la ligne, mais j’aimerais mieux les Cygnes tout seuls, les Cygnes étant les meilleurs gardiens de forteresses et de propriétés que je connaisse. J’ai toujours été tenté de leur attribuer le salut du Capitole.
    « La Grèce a chanté le Cygne comme elle a chanté le Rossignol, la Colombe, l’Hirondelle et toutes les créations gracieuses. Elle peuplait de blancs palmipèdes toutes les eaux de ses fleuves, notamment celles de l’Eurotas, baignoir favori de Léda. Léda fut mère de la blanche Hélène au col de Cygne. » — Toussenel.