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fois réitérer) a réussi, on porte l’oiseau sur le gazon dans un jardin : là, on lui enlève son chaperon, et le fauconnier lui présente un morceau de viande : s’il saute de lui-même sur le poing pour s’en repaître, son éducation est déjà fort avancée et l’on s’occupe de lui faire connaître le leurre. Le leurre est un morceau de cuir garni d’ailes et de pieds d’oiseau, c’est une effigie de proie sur laquelle est attaché un morceau de viande ; il est destiné à réclamer l’oiseau, c’est-à-dire à le faire revenir, lorsqu’il sera élevé dans les airs. Il est important que le Faucon soit, non seulement accoutumé, mais affriandé à ce leurre, qui doit toujours être la récompense de sa docilité : ainsi, après l’avoir dompté par la faim, on consolide sa servitude par la gourmandise ; mais le leurre ne suffirait pas sans la voix du fauconnier. Lorsque l’oiseau obéit au réclame dans un jardin, on le porte en pleine campagne, on l’attache à une filière ou ficelle de soixante pieds de longueur, on le découvre, et, en l’appelant à quelques pas de distance, on lui montre le leurre ; s’il fond dessus, on lui donne de la viande ; le lendemain on la lui montre d’un peu plus loin, et quand il fond sur son leurre de toute la longueur de la filière, il est complètement assuré.

« Alors, pour achever l’éducation du Faucon, il faut lui faire connaître et manier le gibier spécial auquel il est destiné ; on en conserve de privés pour cet usage : cela s’appelle donner l’escap. On attache d’abord la victime à un piquet, et on lâche dessus le Faucon, retenu par sa filière. Quand il connaît le vif (s’élance dessus), on le met hors de filière et on le lance sur une proie libre, à laquelle on a préalablement cousu les paupières pour l’empêcher de se défendre. Enfin quand on est bien assuré de son obéissance, on le fait voler pour bon : c’est-à-dire on le laisse libre.

« La chasse à l’Oiseau, dont la noblesse d’autrefois faisait ses délices, avait moins souvent pour but de procurer au chasseur une proie comestible, que de