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respondances qu’ils y entretiennent avec soin. Lorsqu’ils ont placé un Faucon dressé, ils restent chez l’acheteur jusqu’à ce que le Faucon soit habitué à obéir à la voix de son nouveau maître.

« Réduire l’animal sauvage à abdiquer l’exercice de sa volonté et à perdre toute confiance en ses propres ressources ; lui faire voir dans l’homme l’arbitre suprême de son repos et de son bien-être ; en un mot, l’assujettir par la crainte et le fixer par l’espérance, tel est le but que se propose le fauconnier ; l’art d’apprivoiser les animaux en général est basé sur les mêmes principes.

« Il faut d’abord, pour dresser le Faucon, le faire consentir à demeurer immobile à la même place et privé de la lumière du jour ; un supplice de soixante-douze heures suffit pour cela. Pendant tout ce temps, le fauconnier porte continuellement sur le poing l’oiseau armé d’entraves nommées jets : ce sont de menues courroies, terminées par des sonnettes, qui servent à lier ses jambes. Dans cette position, on l’empêche soigneusement de dormir, et, s’il se révolte, on lui plonge la tête dans l’eau. Au tourment de l’insomnie est ajouté celui de la faim ; et bientôt l’animal vaincu par l’inanition et la lassitude, se laisse coiffer d’un chaperon. Lorsque, étant décoiffé, il saisit la viande qu’on a soin de lui présenter de temps en temps, et qu’ensuite il se laisse docilement remettre le chaperon, on juge qu’il a renoncé à sa liberté et qu’il accepte pour maître celui de qui il tient la nourriture et le sommeil. C’est alors que pour augmenter sa dépendance, on augmente ses besoins : pour cela on stimule artificiellement son appétit en lui nettoyant l’estomac, avec des pelotes de filasse retenues par un fil, qu’on lui fait avaler et qu’on retire ensuite. Cette opération, nommée en terme de vénerie cure, produit une faim dévorante, que l’on satisfait après l’avoir excité ; et le bien-être qui en résulte, attache l’oiseau à celui même qui l’a tourmenté.

« Lorsque cette première leçon (qu’il faut quelque-