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St. Laurent, sur les lacs et dans les îles giboyeuses et poissonneuses du bas du fleuve. Plumage blanc, à manteau brun, avec taches brunes sur la tête et la poitrine ; c’est un pêcheur plutôt qu’un chasseur. Quelquefois son avidité est telle que lorsqu’il s’est attaqué à des poissons qui lui résistent ou dont le poids est supérieur à ses forces, il se laisse noyer plutôt que de lâcher prise. Il dédaigne les petits poissons, mais il s’empare volontiers des oiseaux aquatiques qui se tiennent à sa portée. « Ces aigles ont des mœurs assez sociables : ils voyagent par petites troupes, suivent les contours des rivages, pêchent les uns près des autres sans s’inquiéter dans l’exercice de leur industrie. Ces oiseaux ont un rival acharné dans l’aigle à tête blanche qui leur est supérieur en force, et qui profite de cette supériorité pour leur ravir leur butin. Ce despote, perché sur le sommet d’un arbre élevé qui domine une vaste étendue, veille sur tous les mouvements de l’oiseau pêcheur, qu’il espère dépouiller : il le voit descendre des hautes régions de l’air avec une vitesse qui s’accroît rapidement : il le voit disparaître et presqu’aussitôt reparaître avec sa proie, puis s’élever en poussant un cri joyeux. Le ravisseur s’élance sur l’aigle-pêcheur, celui-ci qui connaît les intentions de son adversaire fuit rapidement, son rival le poursuit avec acharnement dans les mille détours qu’il fait pour l’éviter, et bientôt le plus faible des deux pirates lâche son butin : alors l’aigle à tête blanche se laisse tomber à son tour et happe le poisson avant qu’il ait atteint la surface de l’eau. »

Ces aigles couvent dans les grands arbres isolés :[1]

  1. Un chasseur nous apprend que, de temps immémorial, un couple d’Aigles-Pêcheurs fréquente les rives du lac St.-Joseph (comté de Québec). Un pin séculaire contient le nid qui est assez volumineux — ces années dernières la famille a augmenté — et il y a maintenant deux nids, à petite distance l’un de l’autre.