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Leur distribution géographique est plus étendue en Amérique que celle d’aucune autre espèce de Goëland. Leur cri est une espèce de jappement qui ressemble aux syllabes hac, hac, hac, cah, cah, cah. Les persécutions des hommes ont été prises au sérieux par ces oiseaux, au point de leur faire changer d’habitudes complétement. Sur les rochers inaccessibles, leurs nids sont placés à terre : mais dès que ces oiseaux ont été molestés pendant qu’ils couvent, ils cherchent la sécurité, en plaçant le berceau de leur progéniture au haut des arbres : c’est ce qu’Audubon remarqua en mai 1833, à l’Île à tête blanche dans la Baie de Fundy. Le propriétaire de cette Île, M. Franckland, informa Audubon que peu d’années auparavant, il avait vu à terre les nids des Goëlands en grand nombre ; que les insulaires ayant pillé ces nids, les vieux Goëlands bâtirent dans les sapins, à dix, vingt, trente et quarante pieds de terre, des nids fort confortables de vingt-quatre à vingt-six pouces de diamètre. Les familles qui ont vu le jour dans ces habitations aériennes ne les quittent que lorsqu’elles peuvent voler, tandis que celles qui sont nées à terre sont aptes à courir après huit jours d’existence. Les œufs sont très recherchés comme comestibles ; la ponte est de trois, de forme et de couleur diverses ; longueur, trois pouces ; largeur, deux pouces. Ils sont d’un jaune couleur de terre avec des taches irrégulières d’un brun foncé.

« Les goëlands sont les corbeaux de la mer, piscivores et carnivores, doués d’une voracité insatiable, peu délicats sur le choix de la nourriture et s’accommodant parfaitement de la domesticité ; ils ont toutes les lâchetés[1] et toutes les utilités de cette espèce. Répandus à profusion sur toutes les plages, ils remplissent avec zèle l’emploi de croque-morts maritimes. Ils sont à l’affût de tous les accidents

  1. Ce jugement doit être reformé : car en maintes occurrences, les Geais, les Corneilles et même les oiseaux de proie battent en retraite devant les goëlands. — (Audubon.)