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ralistes américains que la Bécasse d’Amérique passe de ce continent au vieux monde et vice versa.

Quel est le terme des migrations de la Bécasse dans la partie nord de l’Amérique ? c’est ce qui n’est pas encore connu. Il n’appert pas que cet oiseau se montre dans le voisinage de la Baie d’Hudson ; il ne paraît pas non plus qu’il existe dans l’extrême nord de l’Europe : il est donc probable que ses migrations ne s’étendent pas à une bien haute latitude ; on peut poser en principe général que les Bécasses qui émigrent aux régions arctiques dans les deux continents sont communes à chaque continent. Aucun oiseau n’a, plus que la Bécasse, la passion des voyages, ce qui la force de se munir de ces fortes provisions de graisse qui donne tant de prix à sa chair. La Bécasse se rencontre quelquefois dans les clairières au sein des forêts, où elle retourne les feuilles pour en retirer les vers, etc. ; en cela, elle diffère de la Bécassine qui ne fréquente que très rarement les bois. La tête de la Bécasse a une structure toute particulière : l’œil est à une grande distance du bec, ce qui lui donne la faculté d’observer ses ennemis de bien loin ; son vol n’est pas rapide. Faites-la lever dans les bois, elle rasera la cime des buissons et se posera par derrière ces mêmes buissons, puis elle s’éloignera à pied, une distance de quelques mètres. La différence entre la taille du mâle et celle de la femelle a fait croire qu’il y avait deux espèces de Bécasses en Amérique.

Audubon trace un magnifique tableau de la sollicitude de la femelle pour ses jeunes et des ingénieuses ruses dont elle se sert pour attirer sur elle, l’attention de celui qui veut s’emparer de ses petits : en ceci elle ressemble fort à la perdrix, mais les jeunes Bécasses n’ont pas, il s’en faut de beaucoup l’agilité des perdreaux : ce sont de faciles victimes que des enfants cruels dérobent à la tendresse de leurs bons parents.

La migration des Bécasses ne se fait pas par troupe, mais une à une la nuit au clair de la lune, et avec une telle rapidité que l’on