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LE PLEUVIER DORÉ.[1]
(Golden Plover.)


Ce Pleuvier est commun à l’ancien et au nouveau monde : à certaines saisons, il se montre en grand nombre en Canada ; il parcourt de préférence les grèves, les battures de sable que la marée laisse à sec. Il arrive à la fin de l’été, se nourrit d’abord de vers qu’il fait sortir de leurs trous en piétinant le sol ; à mesure que la saison avance, il fréquentera les champs cultivés, les hauteurs, où il avalera avec les insectes, les fruits qu’il y trouvera.

Le moment que le chasseur choisit pour tirer dans les bandes de Pleuviers, est celui où ces oiseaux, les ailes tendues, vont se poser à terre ; car dès qu’ils se sont posés, ils se mettent à courir le long du sol et se sont bientôt dispersés.

Le père de l’Ornithologie américaine décrit une chasse aux Pleuviers à la Louisiane à laquelle des gentilshommes français le convièrent. Dès l’aurore, les chasseurs s’étant disséminés sur divers points où le gibier devait passer, une troupe de Pleuviers se montra ; les chasseurs d’imiter le cri de ces oiseaux, lesquels descendirent du haut des airs et durent alors essuyer une espèce de feu de file, sur une grande étendue de terrain : cinq ou six fuyards échappèrent seuls de toute la cohorte ; la chasse dura jusqu’au coucher du soleil, et, quand il les quitta, ces Nemrods montraient la même soif de carnage que le matin : un d’eux comptait soixante et trois douzaines de Pleuviers pour sa part. Audubon vit cinquante chasseurs dans les environs et portant à vingt douzaines la moyenne pour chaque chasseur ; il affirme que quarante-huit milles Pleuviers dorés expirèrent ce jour-là : rien moins que la véracité bien connue du grand naturaliste nous porterait à recevoir ce calcul comme correct ; mais enfin c’était

  1. No. 503. — Charadrius virginianus. — Baird.
    Charadrius marmoratus.Audubon.