Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

et de sa sociabilité ; le compagnon de sa Grue était un oiseau sauvage, une amitié inaltérable se cimenta entre les deux prisonniers.

La Grue du Canada niche à terre, sur des petits monticules qu’elle élève au milieu des terres basses et marécageuses ; deux œufs d’un bleu pâle tachés de brun sont le fruit de ses amours. Les traits distinctifs de la Grue parmi les autres espèces de la même famille, sont sa taille supérieure, sa tête chauve, et le rebord de plumes qui projette au-dessus de la queue ; sa structure interne en diffère également ; elle n’a pas comme les Hérons, la griffe médiane, frangée comme un peigne.

La Grue du Canada a le bec noirâtre, jaune vers sa base ; l’iris, jaune ; la partie chauve de la tête, carmin avec des poils noirs ; les pieds, noirs ; le plumage est d’un blanc pur, à l’exception des primaires, des couvertures supérieures qui sont d’un brun noirâtre ; la queue est courte, arrondie et composée de douze larges plumes arrondies.

Longueur totale, 54, envergure, 92.

Les jeunes après leur première mue ont le plumage en général bleu-gris ; les primaires, d’un brun foncé vers leur extrémité ; à mesure que l’oiseau vieillit, ses couleurs se changent au blanc.

On trouve dans Hérodote une curieuse histoire, dans laquelle les Grues jouent un rôle qui explique la vénération des Grecs pour ces oiseaux.

« Ibycus de Rhegium, célèbre poëte lyrique, se rendait aux jeux olympiques pour y disputer le prix de la poësie ; il cheminait à pied, n’emportant que sa lyre, sur laquelle il essayait en marchant, quelques accords inspirateurs. Près d’arriver au terme de son voyage, distrait sans doute par ses rêveries, il s’égara vers le soir dans une sombre forêt. Deux hommes armés sortent brusquement d’un taillis, s’élancent sur lui et le percent de coups. Ibycus tombe mourant sur le gazon et porte ses derniers regards vers le ciel, empourpré des feux de l’occident. En ce moment suprême, il voit passer au-dessus de sa tête une troupe de Grues : “Oiseaux