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ennemis. C’est la neige qui lui conserve tendres et succulentes les graines, dont il vit pendant l’hiver, et qui lui fournit en cette rude saison le vivre et le couvert ; car le Lagopède a le pied muni d’un ongle tranchant et canaliculé (celui du doigt médian) à l’aide duquel il sait se creuser de chaudes retraites au sein même de cette couche de frimas éternels, dite en style poétique le linceul funéraire des champs. Et puis, c’est là qu’il aime, c’est là par conséquent que la nature a dû déployer toutes ses splendeurs et ses magnificences.

« Le costume de noces du Lagopède est moins riche que sa tenue d’hiver, lequel consiste en un uniforme blanc pur, qu’accentuent si gracieusement les filets noirs des rémiges et la rouge encadrure de l’œil ; c’est un manteau panaché de gris, de brun, de roussâtre, qui va recouvrir les épaules, la tête, le cou et le devant de la poitrine. La couleur de ce manteau est analogue à celle des bécasses ; la nature y a négligé le dessin et l’opposition des nuances, et de cette négligence est résultée une confusion fâcheuse qui ne charme plus le regard. »

Le Lagopède perche sur les grands saules. Rien moins qu’un froid arctique et continu ne saurait amener en nos latitudes, la Perdrix blanche. L’hiver de 1844 fut fort rigoureux ainsi que celui de 1858 : pendant ces deux saisons, les Perdrix blanches se répandirent en grands nombres dans les forêts du Canada et on en tira quelques-unes près des limites de la cité de Québec.[1] Au printemps, le mâle a beaucoup des allures pompeuses et passionnées des deux espèces précédentes pour gagner la faveur des femelles. À l’instar des autres oiseaux qui passent l’été dans le cercle polaire, le Lagopède des Saules, pendant la douce clarté des longues nuits arctiques, montre plus d’activité que pendant la lumière éclatante du jour. Les œufs sont jaunes avec des taches châtaignes ou brunes ;

  1. Cette famille, d’après Baird, compte vingt individus.