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paraissent une tout autre espèce que ceux des États du Nord et de l’Est. La Perdrix de savane est un excellent baromètre, pour indiquer les variations de température, la pluie et l’orage ; le jour qui précède les changements, ces oiseaux se hâtent de gagner leurs perchoirs plusieurs heures avant l’ordinaire. « J’ai remarqué dit Audubon, que lorsque la même bande continue à rechercher sa nourriture longtemps après le coucher du soleil, mes espérances d’un beau lendemain n’étaient jamais déçues ; mais je pense que cette prescience est commune à toute la famille des gallinacés. »

Les mâles, au printemps, cherchent à capter l’attention des femelles, par les mêmes allures, la pompe et l’appel (drumming) de la perdrix ordinaire : ce bruit d’ailes est même plus sonore, chez cette espèce que chez l’autre. La femelle niche sous les branches horizontales et basses des épinettes : ce nid composé de branches sèches, de mousse de feuilles sèches, est caché avec soin ; la ponte varie de huit à quatorze œufs, fauve foncé, tachetés irrégulièrement de barres brunes. Ils n’élèvent qu’une seule famille et les jeunes sont en état de suivre les vieux dès qu’ils sont nés. Dès que l’incubation a commencé, les mâles se séparent des femelles et ne les rejoignent qu’à la fin de l’automne : ils n’habitent même pas les mêmes bois pendant ce temps, et sont plus méfiants et plus farouches que pendant la saison des amours ou pendant l’hiver. Ces oiseaux ont la même dégaine que l’autre espèce ; mais ils ne hochent pas la queue et ne se cachent pas dans la neige comme la précédente : au contraire, quand ils sont poursuivis, ils gagnent les arbres. Il faut plus que l’aboiement d’un chien de chasse pour les faire déguerpir et une fois lancés, ils font entendre leur cri cluck, qu’ils répètent en se posant sur l’arbre voisin. En hiver, on les prend facilement, ils ne sont pas méfiants. Ils sont peu communs au Labrador où les Lagopèdes ou Perdrix blanches les remplacent.

« Un jour dit Audubon, quand j’étais au La-