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branches sèches, près d’un tronc d’arbre coupé ou sous l’ombre d’un arbrisseau touffu, sur le sol et là le vent a accumulé les feuilles tombées ; elle y dépose de cinq à douze œufs, d’un jaunâtre sale et uniforme. Elle oublie de les recouvrir quand elle quitte le nid, et les corneilles et autres brigands de cette espèce se les approprient pendant son absence. Si l’attaque a lieu en sa présence,[1] la femelle ne manque ni de courage, ni de force pour la repousser et souvent avec succès ; elle emploie son bec et ses ailes à la manière de la poule qui défend ses poussins.

Les Perdreaux sont prêts à suivre leur mère dès qu’ils ont quitté la coquille : âgés de six à sept jours, ils ont la force de voler quelques toises. Leur indulgente maman les conduit à la recherche de leur nourriture, les reçoit sous ses ailes pendant la nuit et fait preuve d’une sollicitude et d’une affection remarquables ; à la première apparence du danger, employant mille artifices pour distraire l’attention de ses perdreaux sur elle-même : à cette fin, elle simulera d’être blessée ; elle boitera, elle se traînera avec peine et de cette manière, elle assure très souvent leur salut. De leur côté les Perdreaux se blottiront sur le sol, et à la première note d’alarme de leur mère, se couvriront d’une feuille, dit-on, s’il s’en trouve à leur portée et se cacheront si effectivement, qu’il faut poser la main dessus pour les faire remuer. À cette époque, les mâles commencent à se séparer des femelles, font bande à part ; mais à l’approche des froids, la famille entière se réunit de nouveau. Pendant l’été, les Perdrix, aiment à se rouler dans le sable des grands chemins ; c’est un bain qu’il faut aussi leur procurer en captivité. Quand le chasseur ou son chien les fait lever de terre, elles s’envolent en faisant entendre un bruit d’ailes très fort, mais lorsqu’elles ne sont pas alarmées, elles prennent leur vol sans faire de bruit. Elles iront se poser à une distance de trois cents pieds du lieu d’où elles sont parties, ou bien

  1. Le Maout.