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En imitant le cri du hibou barré, on découvre également les perchoirs du Dindon qui ne manque jamais de glousser dès qu’il entend le cri de son impitoyable ennemi. Les Dindons sauvages succombent aussi aux embûches que l’homme leur tend la nuit ; on se place dans le voisinage du perchoir que la bande s’est choisi depuis longtemps et on tire sur eux au clair de la lune.

On construit aussi des enclos avec des troncs d’arbres et une toiture en dessus ; on place une traînée de maïs dans la forêt, qui conduit à l’enclos ; les Dindons l’ont bientôt découverte et la bande entière arrive peu à peu à l’enclos ; une fois en dedans, le chasseur les surprend et ces oiseaux n’ont pas même la sagacité de fuir par où ils ont pénétré dans l’enclos : ils sont bientôt mis à mort. La beauté, peut-être l’utilité du Dindon sauvage, avait frappé Franklin : il exprima souvent un regret, que le Dindon sauvage n’eût pas été préféré à l’Aigle à tête blanche, comme blason national de la Grande République : « L’Aigle à tête blanche, dit-il, est un brigand, lâche, paresseux et cruel, c’est un vrai chevalier d’Industrie ; trop indolent pour chasser lui-même, il arrache aux autres oiseaux, la proie qu’avec peine ils se sont procurée ; de plus, il est indigène à l’Amérique ; il est doué de courage, et malgré ses allures fantastiques, il ne reculerait même pas devant un grenadier en uniforme qui oserait envahir la basse-cour. » Le Dindon sauvage réduit en captivité, s’apprivoise avec un peu de soin.[1] Ces oiseaux pèsent ordinairement vingt livres : on en a vu atteindre le poids de quarante.

Le Dindon sauvage de Honduras est plus petit que l’espèce que nous venons de décrire ; c’est un fort bel oiseau au plumage brillant ; il fut d’abord décrit par Cuvier.

Nous ne donnerons pas une description plus détaillée du Dindon sauvage, qui ressemble beaucoup

  1. Thomas Maloue, du Département des Mesureurs de bois, à Québec, avait de fort beaux Dindons sauvages, l’année dernière, à sa résidence Faubourg St. Roch de Québec.