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LE DINDON SAUVAGE.[1]
(Wild Turkey.)


Oviedo est le premier qui (1525) ait parlé des Dindons sauvages, souche de l’espèce domestique. Ces oiseaux furent introduits en Espagne vers l’année 1552, par les missionnaires, et dix-huit ans après, aux noces de Charles IX, on servit les premiers dindons, qui aient été mangés en France. Les Jésuites en engraissaient un grand nombre à leur ferme près de Bourges. Brillat-Savarin n’oublie pas de faire hommage à ces pères de ce qu’il appelle le plus beau cadeau que le nouveau monde ait fait à l’ancien. Il considère l’introduction des Dindons, en France, au nombre des bénédictions que les Jésuites répandirent sur ce royaume.[2]

Ces oiseaux abondent, surtout dans les immenses prairies qui bordent l’Ohio, le Mississippi et le Missouri, ainsi que dans une partie de l’ouest du Canada, tel que Saint-Clair Flats et autres endroits avoisinants. Le comté d’Essex et Lambton, celui de Kent,[3] (Haut-Canada) sont à peu près les seuls où l’on trouve les Dindons sauvages. Nous n’avons pas appris si notre royal visiteur, le Prince de Galles, dans son expédition aux prairies de l’Ouest en septembre dernier,

  1. No. 455. — Meleagris gallopavo. — Baird.
    Meleagris gallopavo.Audubon.
  2. Toussenel prétend tout le contraire : « C’est à tort, dit-il, qu’on attribue l’honneur de l’importation aux jésuites ; car cette importation est contemporaine de la fondation de l’ordre, et les Anglais possédaient déjà le Dindon en 1524, époque les révérends Pères n’avaient pas encore eu le temps de conquérir des royaumes en Amérique. »
  3. Il serait à désirer que la Législature étendît aux Dindons sauvages, la même protection qu’elle accorde aux Caribous, aux Canards, à la Bécassine et autres gibiers. Espérons que les honorables députés pour ces comtés n’oublieront pas leurs constituants, nous ne voulons pas dire les Dindons sauvages de ce comté, mais les électeurs, nous pourrions dire les bons vivants du Haut-Canada entier, et quelques-uns du Bas, qui ne pardonneront jamais à un député quelconque si ce mets savoureux venait, faute d’être protégé, à disparaître. — (Note de l’auteur.)