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fermées, touchent presque à l’extrémité de la queue qui est arrondie ; la quatrième plume primaire, la plus longue ; les secondaires, échancrées au bout et pointues ; l’iris, couleur de noisette. — « Il existe des doutes, dit Baird, si notre Corneille est bien la même que l’européenne. »

Longueur totale, 18 ; envergure, 38.



LE CORBEAU.[1]
(Raven.)


Le Corbeau est un oiseau célèbre, dont la tradition remonte aux temps bibliques.

Il figura au déluge où il sortit le premier de l’arche, pour n’y plus revenir, rompant ainsi sans façon avec l’humanité. Ce fut lui qui fut chargé de la mission délicate d’apporter au prophète Élie le pain quotidien, près du torrent de Cherith. Il occupa une place éminente dans la légende romaine, où il sauva pour la seconde fois la cité éternelle en se mettant du côté d’un chevalier gaulois et en jetant traîtreusement de la poudre aux yeux de ce dernier. Dans la légende grecque, c’est un Corbeau qui indique à Alexandre de Macédoine la route du temple mystérieux de Jupiter Ammon. « Je crois me souvenir, dit Toussenel, d’avoir rencontré un Corbeau dans l’Olympe scandinave où il occupe un siége tout près du loup Fenris, ou sur l’épaule d’Odin. Nous savons que Rome et la Grèce l’admettaient au premier rang des oiseaux dans leur conseil, ayant l’oreille des dieux ; qu’ils lui donnaient voix délibérative dans leurs assemblées politiques. »

Le Corbeau vit solitaire, vole bien et haut, et sent, dit-on, les cadavres d’une lieue. Son vol, les diverses inflexions de sa voix, et ses moindres actions, faisaient à Rome le fond de la science des augures, science que les Chaldéens avaient d’abord transmise

  1. No. 423. — Corvus Carnivorus. — Baird.
    Corvus Corax.Audubon.