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depuis plusieurs années, notre jardin ainsi qu’une prairie avoisinante. Personne ne les moleste ; elles arpentent le terrain en tous sens, jusque sous nos fenêtres, surtout le matin ; on dirait qu’elles font partie du fonds même, adscripti glebae.

La Corneille est d’une honnêteté fort suspecte : l’état de domesticité développe ses habitudes perverses.

« Oiseau criard, filou, vorace et coriace, c’est un des grands fléaux de l’agriculture, dit Toussenel, un déterreur de graines, un voleur de cerises, un assassin de levrauts, de perdreaux, de lapins. J’en ai tué quelques-unes et je ne m’en repends pas ! » Margot prise au nid, se familiarise au point de connaître tous les membres de la famille, et fuit les étrangers ; elle ne se fait aucun scrupule de dérober les objets brillants, les couteaux, les cuillers, etc.

La Corneille du Canada, beaucoup plus petite que le Corbeau, est d’un noir[1] luisant à reflets bleus et pourpres ; le bec noir et les pieds noirs et couverts en partie de plumes tombantes ; les bouts des ailes

  1. On nous signale un fait singulier : il ne s’agit pas précisément de la découverte du Merle blanc, mais de l’apparition en 1847, à Sainte Anne des Monts, comté de Gaspé, d’une Corneille blanche : « Véritable objet de curiosité pour les populations entières, et on venait de plusieurs lieues voir ce phénomène. Cette Corneille, éclose au milieu de ses noires compagnes dans un petit bois de sapins situé en arrière de la demeure de M. Sasseville, avait un plumage blanc crème, sans aucune trace d’autre nuance : du reste, elle avait exactement la taille, la forme, le cri et les habitudes des autres individus de son espèce. »(J. C. Taché.)
    On a remarqué des albinos dans toutes les espèces ; mais c’est la première fois que nous entendons parler de Corneilles blanches, quoique Wilson parle de Corbeaux blancs en Islande.
    Un cultivateur de Ste.-Foy, comté de Québec, vient de porter chez M. Couper, taxidermiste de cette ville, une souris blanche : elle est évaluée à $4, d’où l’on peut conclure que parmi les rongeurs aussi bien que parmi les individus de l’espèce humaine, la couleur y fait beaucoup, quant à leur valeur aux yeux de ceux qui les exploitent. M. Couper prétend que ce n’est pas un albino, attendu que les albinos ont les yeux rouges, mais bien une souris d’une nouvelle espèce. — (Note de l’auteur.)