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le poil et les os.[1] C’est dans les nuits sereines qu’on peut le voir voler, silencieux et rapide, à la recherche de sa proie.

« Le marinier descendant le Grand Fleuve (le Mississippi) remarque le nocturne chasseur qui passe au-dessus de sa barque ; les ailes étendues, il franchit les collines, ou bien descend et s’élève dans l’air comme une ombre, ou bien disparaît dans les bois. Le bateau qui suit le cours sinueux de la rivière, arrive bientôt dans une anse que borde un champ nouvellement défriché ; la lune brille sur l’humble chaumière du colon ; dans le petit champ qui l’entoure, un arbre que la hache a épargné, sert de juchoir aux oiseaux domestiques, qui doivent bientôt peupler la basse-cour. Parmi eux se trouve une Dinde qui couve. Le grand Hibou, dont les yeux perçants ont découvert sa proie, plane circulairement autour de l’arbre et médite son attaque. Mais la Dinde est aussi vigilante que lui ; elle se dresse sur ses pieds, agite ses ailes et glousse si bruyamment, qu’elle réveille tous ses voisins les Coqs et les Poules ; le caquettement devient général, et le colon se réveille à son tour. Il est bientôt sur pied, prépare son fusil, ouvre la porte et regarde dehors ; il voit le maraudeur emplumé qui s’est perché sur une branche morte et d’un seul coup, il rétablit la tranquillité dans son poulailler suspendu. »

« Les gestes ridicules et les évolutions bizarres du

  1. En avril 1721, Charlevoix écrivait de Chambly, à la duchesse de LesDiguères : « Le Chat Huant Canadien n’a de différence du Français qu’une petite fraise blanche autour du cou, et un cri particulier. Sa chaire est bonne à manger, et bien des gens la préfèrent à celle de la Poule. Sa provision pour l’hyver sont des Mulots, auxquels il casse les pattes et qu’il engraisse et nourrit avec soin, jusqu’à ce qu’il en ait besoin ! ! ! » Il est permis d’en douter. (Note de l’auteur.)