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fonda un grand empire ! Que ne viens-tu plus souvent sur nos bords étaler ta royale livrée, ton manteau écarlate, ton bonnet phrygien ? Ne crains rien ; si l’emblème de la liberté que tu portes sur ton chef, n’est pour ton pays natal qu’une aspiration ou un reproche, pour ta patrie passagère, il symbolise une douce réalité. Nous n’avons pas à t’offrir les fleurs du sassafras, les fruits de l’oranger, l’ombre des magnolias ; mais en revanche, un grand peuple t’assure un asile inviolable, un asile que ton pays refuse à l’humanité, à cette portion du moins dont la peau est moins blanche ! !

Nous avons nommé, le Tangara Écarlate.

Plumage couleur de feu, et des ailes d’un noir lustré,[1] le Tangara Écarlate a de plus un joli ramage qui ressemble à celui du Baltimore. Il se nourrit de guêpes, de taons, de baies sauvages, et fréquente les grandes forêts. Il placera le berceau de sa future famille quelquefois sur un pommier ; le nid est une faible structure dont des morceaux de filasse, de coton, de lin et de l’herbe sèche font tous les frais. Il contient trois œufs bleus, marqués de brun et de pourpre. Si l’on approche du nid, le mâle se tient éloigné comme s’il craignait qu’on le vît, tandis que la femelle voltige autour, en proie à un grand trouble. Buffon a confondu ce Tangara avec le Gros Bec Cardinal, espèce du Sud qui ne vient pas en Canada ; il a prétendu s’étayer d’un passage de Charlevoix[2] qui ne s’applique évidemment qu’au Gros Bec Cardinal, et non à l’espèce présentement décrite. Ce bel oiseau n’est pas rare dans les forêts de l’ouest du Canada ; il est moins abondant dans le Bas-Canada. Le vieux mâle a le plumage entier d’un rouge écarlate ; les ailes noir foncé ; la queue noire, fourchue et terminée d’une frange blanche, et les bords intérieurs des plumes des ailes, presque blancs. Le bec est fort, trapu et

  1. Voilà sans doute « ces oiseaux rouges et noirs » que le vieux Gouverneur des Trois-Rivières avait remarqués.
  2. Voir la page 76[sic], de la première partie de cet ouvrage.