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plusieurs Goglus chantent à la fois, l’effet est frappant. Par une belle matinée de mai, allez entendre sept ou huit Goglus, perchés ensemble, à la cime de ces grands ormes isolés, ou de ces beaux érables destinés à ombrager les troupeaux à la campagne : écoutez-les lutter d’harmonie et faire résonner les échos d’alentour de leur voix retentissante.

Ce chant varie chez les individus. Wilson le traduit par les mots, any kang kang keekle-ee-kekelek keelek-ilik-any kang, répété avec une rapidité extrême, chaque note à la fin enjambant sur la suivante. Il arrive souvent que le Goglu recommence plusieurs fois sa chansonnette avant d’arriver à la fin, comme s’il s’efforçait de se la rappeler. En mai, juin et juillet, cet oiseau couvre tout le nord du continent. En août, le mâle endosse la livrée de la femelle et son chant cesse entièrement. Au commencement de l’automne, dans certaines localités, ces oiseaux se réunissent en bandes ; puis ils émigrent par légions vers le sud et aux Antilles. Le Goglu qui au printemps faisait la joie du paysan, par son humeur enjouée et ses concerts, devient l’automne le fléau de l’agriculteur, dans le sud des États-Unis. Les Goglus s’abattent alors par milliers dans les champs de blé et les plantations de riz, qu’ils saccagent ; leur cri est alors bref, chink chink ; une guerre d’extermination s’ensuit. On les tue au fusil ; on les mange avidement : ils ne sont qu’une boule de graisse. Le Goglu, pris en mai, oublie vite, dans la volière, les douceurs de la liberté : on le nourrit au pain et au lait et au millet ; mais le pain et le lait, pour le Goglu comme pour un grand nombre d’oiseaux granivores, sont la nourriture la plus propice qu’on puisse leur donner en captivité. Le chanvre les engraisse trop. Le chant du Goglu s’améliore lorsqu’on le met dans le voisinage d’un serin. En cage, il commence à chanter à la fin de décembre, si on le place dans une chambre bien éclairée en face du soleil levant ; il continue de chanter jusqu’à la fin de juillet. Il est fort