Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

d’autres. Cette précession des mâles dont la cause était demeurée jusqu’ici un mystère pour la science, n’intriguera plus personne désormais.

« L’avenir des Rossignols dépendant du triomphe obtenu dans ces concours de musique vocale, on conçoit toute l’importance que les pères de famille et les enfants mâles de cette espèce attachent à l’étude du chant. Il n’y a peut-être pas un seul département de France où l’ardeur immodérée qu’apportent à cette étude les jeunes Rossignols, ne fasse chaque année des victimes. Ainsi dans nos colléges, des centaines de malheureux enfants s’abrutissent l’intelligence en des travaux ingrats pour acquérir le titre glorieux d’élève de l’École Polytechnique, et paient quelquefois de leur santé ou de leur vie cette noble ambition.

« Il résulte de cette tension perpétuelle de l’esprit des Rossignols vers le progrès et la perfectibilité, que quelques-uns des mieux doués acquièrent des talents supérieurs qui leur assurent leur monopole des honneurs et des places. Heureux sont les fils de tels pères, car ceux-ci naturellement jaloux de perpétuer l’illustration de leur nom et de faire souche de virtuoses, se font un plaisir et un devoir de pousser leurs héritiers dans la voie du succès, en les initiant à tous les secrets de la méthode et à toutes les rubriques du métier. De là l’illustration séculaire de telles ou telles familles de tel ou tel canton, de la famille des Rossignols de Romanville, par exemple, ou de celle des fauvettes à tête noire d’Auteuil. Mais de même qu’il est pour les Rossignols des contrées privilégiées où semble s’être réfugié l’atticisme du beau langage, il est des Béoties par contre où fleurit le patois et dont les malheureux indigènes n’émettent pas une note qui ne devienne aussitôt le texte de mauvais quolibets. Les Fauvettes du bel air sont peut-être plus impitoyables encore pour le purisme de la phrase que les jolies parleuses des salons de Paris.

« Bechstein, naturaliste allemand, qui a fait sur l’histoire des Fauvettes de profondes études, va jus-