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l’endroit est placé son nid, tandis que le Loriot des Vergers aime la société de ses semblables. Audubon a compté jusqu’à neuf nids de ces derniers dans le même enclos : une harmonie parfaite régnait dans la petite république.

Les mâles précèdent les femelles, de huit à dix jours au printemps. Dès qu’ils ont fixé la localité qui doit contenir le berceau de leurs amours, leurs mouvements deviennent d’une allégresse, d’une prestesse extrêmes : le mâle s’élance par bonds dans les airs à une centaine de pieds, agitant son corps et sa queue et chantant avec énergie pendant tout ce temps, comme si quelque chose le pressait de revenir à l’arbre qu’il vient de quitter. Il passe la journée à faire ses évolutions et à attraper les insectes qui se cachent sous la verdure des arbres, ou bien il s’élancera à terre sur un vermisseau qui cherche en vain à fuir, puis il retournera inspecter avec soin chaque bouton, chaque fleur du pommier voisin. Son chant redouble lorsqu’il s’agit de se procurer une compagne. Ces oiseaux amassent des brins de foin qu’ils lient ensemble avec une rare industrie et en composent un nid d’une grande solidité, qui a la forme d’une hémisphère ; les œufs sont au nombre de six, d’un bleu blanchâtre tacheté de brun foncé ; une seule couvée est le fruit de leur union. Les jeunes suivent les vieux pendant plusieurs semaines, mais bientôt les mâles se séparent des femelles et voyagent par eux-mêmes tels qu’ils sont arrivés au printemps.

Cette espèce se nourrit d’insectes, ainsi que de fruits et de baies ; elle est friande de fraises. À son arrivée, le Loriot des Vergers fréquente les hauteurs pendant la saison des œufs ; la famille élevée, il descend dans les prairies et les champs de foin où il se nourrit de grillons, d’araignées et de sauterelles. Les Français de la Louisiane appellent ce Loriot Pape des Prairies, tandis que le Baltimore porte le nom de Pape des Bois, d’après les lieux qu’ils fréquentent. À l’état de domesticité, il chante avec le même entrain que dans l’état de nature et se con-