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pas de ce marchand de bois à qui Mme de Tracy avait vendu une de ses coupes en 1845, et qu’elle questionnait sur les nids, « sur ces pauvres oiseaux que l’on dérange quand on ne les tue pas… » Le marchand répondit : « Les bêtes sont des machines qui ne sentent pas. — Alors pourquoi crient-ils quand on les maltraite ? Ils crient comme une porte qu’on ouvre brusquement, ou comme une roue qui frotte sur son essieu. » — Mme de Tracy ajoute : « Je n’ai pas cherché à convertir cet animal qui parle si mal des bêtes… »

Non seulement Mme de Tracy parle très bien des bêtes, elle a pour les animaux toutes sortes d’attentions courtoises et hospitalières dont elle nous raconte les détails d’une façon charmante, avec aussi peu d’orgueil que d’humilité et comme la chose la plus naturelle du monde.

« … Je m’occupe de mes animaux. Mon merle ne veut s’endormir que lorsque la lampe est allumée dans la salle à manger. Sa cage est accrochée près des rideaux, et il sait très-bien en tirer un coin à travers les barreaux pour s’en faire un lit plus douillet. J’avais déjà remarqué depuis longtemps que les oiseaux étaient très recherchés dans leurs goûts. Ceux que j’apporte au salon ont soin de se percher sur des meubles dorés, ou bien c’est aux chaises à dossier de velours et de soie qu’ils donnent la préférence. — J’ai une souris qui a établi son domicile dans un grand cornet de verre où je place, pour les conserver, des fleurs et des branches de pin. On avait oublié d’y mettre de l’eau ; elle en a profité, et j’ai bien recommandé qu’on ne vint pas la troubler par une inondation intempestive : celle de la Loire a déjà fait assez de malheureux. Rien d’ailleurs n’est joli comme une souris ; c’est un petit animal propre, de forme gracieuse et plein de bons sentiments.

« La mienne me connaît maintenant ; elle vient prendre son pain presque dans ma main, et semble avoir en moi une confiance que je tiens à justifier. — J’ai aussi un crapaud mélomane qui monte cha-