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la femelle, celle-ci s’occupe aussitôt de la seconde. Les jeunes se dispersent pendant le jour, pour chercher leur nourriture, et se réunissent le soir près du lieu de leur naissance, où ils se mettent sous la sauvegarde du mâle. Quand la seconde couvée est parvenue à sa perfection, l’une et l’autre se réunissent et forment une petite troupe, à laquelle les familles des cantons voisins se joignent pour se rendre sous un climat où les insectes, leur principale nourriture, se trouvent dans une abondance proportionnée aux besoins de tous. Les individus attardés cherchent leur pâture devant les granges, dans les champs de blé, de maïs et de millet. La Fauvette bleue et rousse a été vue dans le District de Québec ; on dit même qu’elle y couve, mais elle y est rare, tandis qu’elle est très abondante dans le Haut-Canada ; quelques-unes y passent l’année entière.

« Le vol de ces Fauvettes est sinueux et très rapide lorsqu’elles sont poursuivies par l’Oiseau de Proie ; il est lent et droit dans leurs voyages ; elles se tiennent alors à quelque distance les unes des autres, et répètent sans cesse leur cri plaintif. Quand elles veulent s’arrêter, elles descendent lentement et planent avec grâce jusqu’à ce qu’elles soient posées : elles se dispersent ensuite de tous côtés, mais elles ne manquent pas de se trouver le soir au rendez-vous, qui est ordinairement sur la lisière d’un bois : elles passent la nuit ensemble, partent au lever du soleil et ne se reposent que sur les dix à onze heures du matin. Leur naturel peu craintif permet de les approcher ; cependant elles savent très bien discerner le danger, car dès qu’elles voient qu’on les pourchasse, elles deviennent très défiantes. Les mâles, surtout, s’inquiètent plus promptement que les femelles. Les cantons découverts sont ceux qui leur conviennent le mieux ; aussi les voit-on presque toujours sur les clôtures des champs et des vergers, et rarement sur les arbres. Ils saisissent avec adresse l’insecte ailé qui voltige à leur proximité et plongent avec une grande vélocité sur celui qui se pose sur l’herbe. Ils vivent aussi de vers et de vermisseaux, et ils