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bec, d’un mouvement de queue de haut en bas, et d’un léger trémoussement d’ailes.

Le Merle se bâtit un grand nid, dont la coque est composée de boue humide et de racines ; l’intérieur est garni de foin ou d’herbes fines. La fourche d’un pommier, l’angle du réduit champêtre où grimpe la vigne sauvage ou le houblon, la maîtresse branche d’un grand chêne, tels sont les lieux où il placera sans défiance son nid où cinq œufs d’un beau vert sont couvés avec une rare assiduité par la femelle et en son absence, pendant le repas, par le mâle ; l’incubation dure quatorze à quinze jours et les petits naissent couverts d’un duvet blanc et roux.

Il est si attaché à ses petits, qu’il les nourrit en captivité et qu’il vient les soigner jusque dans les appartements. Le mâle a beaucoup d’affection pour la femelle et la quitte rarement. Il se tient, quand elle couve, sur l’arbre le plus voisin et la réjouit par ses chansonnettes.

Le chant du Merle, sans égaler la mélodie de la Grive rousse, n’en est pas moins un agréable prélude au concert général que les autres chantres des bois nous préparent, à l’approche du printemps. Perché sur la plus haute branche de l’arbre qui ombrage la commune, il y fait résonner son bruyant clairon dès l’aurore, soit qu’il désire dissiper les soucis de sa compagne pendant le temps de l’incubation, soit qu’obsédé du Dieu de l’harmonie, il donne libre cours à ses transports. Loin d’être défiant comme le Merle de France, il recherche le voisinage de l’homme ; les allées du jardin, le sillon fraîchement creusé, le parterre aux fleurs, la rive du limpide ruisseau où il prend son bain matinal, voilà où d’ordinaire on le trouve après le lever du soleil. Il y recueille industrieusement en sautillant graines, insectes, vermisseaux. En état de domesticité on le nourrit au pain et au lait ; il chante et siffle en cage d’une manière admirable. L’écolier pervers ne le déniche qu’en tremblant, comme si malheur lui en adviendrait. Quelques misérables pourtant, lui tirent des coups de fusils, et exposent ensuite sa